Juin 202012
 

Castillonnès, environ 1500 habitants

L’entrée du cinéma de mon enfance

C’est le dernier endroit où l’on imaginerait que se trouve un cinéma. Village ? Petite ville plutôt. Et pourtant, elle a le bonheur d’offrir une salle de projection cinématographique qui est née la même année que moi (ou presque). Car avant d’être un cinéma public en 1983, Ciné 4 aura servi de lieu de projection privée pendant quelques années. Imaginez un petit cinéma de campagne, qui permet aux petits comme aux grands de profiter du grand écran sans devoir se farcir 30km de voiture. Imaginez des tarifs qui restent encore de nos jours tout à fait concurrentiels. C’est le premier cinéma où j’ai mis les pieds.

 Je ne sais plus quel âge j’avais ni quel film (probablement un Disney connaissant ma mère) cela pouvait être. Par contre, j’ai des tas d’autres souvenirs dans ce cinéma. Mon premier cinéma. La première fois que je me suis vue refuser l’entrée d’un film. J’avais 11 ans et demi et c’était pour Entretien avec un vampire avec Brad Pitt. D’ailleurs, depuis, je ne l’ai toujours pas vu ce film. Il était interdit aux moins de 12 ans évidemment et dans une si petite ville, tout le monde connaît tout le monde.

C’est dans ce cinéma que j’ai vu mes premiers grands noms : Titanic (vous m’excuserez, j’étais adolescente, tout ça, ça restera un souvenir ému), Matrix, Jurassic Park ou encore un des films qui reste favori à mon coeur : Le cinquième élément. C’est d’ailleurs le premier film qui fut passé en version originale dans ce cinéma. Car l’affluence de britanniques retraités en Dordogne et dans les environs a créé un public et le cinéma se fait fort de pourvoir à la demande. Un jeudi par mois, des films seront alors proposés en anglais sous-titrés. Une aubaine quand les cinémas des grandes villes voisines ne proposent encore que la sacro sainte version Française. Une raison de plus aussi pour s’y rendre plus régulièrement.

Mais il y en a eu d’autres, des tas d’autres. Tous les films de mon adolescence. Je pourrais faire une liste interminable. Le cinéma, à cette époque là, c’était le beurre dans les épinards, le petit plaisir que l’on se permet une fois de temps en temps. Ça prenait presque des proportions religieuses, ça se savourait. On y allait aussi avec l’école. C’est comme ça que j’ai découvert Peau d’âne, Edouard aux mains d’argent, Microcosmos ou encore Le ballon d’or. J’avais l’impression qu’il n’y en avait jamais assez, j’en voulais toujours plus.

Et puis la petite madame qui passe avec son panier rempli de glaces, chocolats et autres friandises. Pas de pop-corn dans ce cinéma mais tout le reste. Quelle fut ma surprise/déception la première fois que je suis allée dans un autre cinéma. Il n’y donc pas toujours quelqu’un pour passer dans les rangées, à proposer des caramels ? Sans oublier que la salle est à 2 étages, avec un balcon. Se sentir privilégié d’être en hauteur. Il fallait parfois se battre pour avoir une place à l’étage. Y voyait-on mieux ? Je n’en suis pas si sure mais il y avait moins de places, c’est qu’elles étaient forcément mieux.

Avec Ciné 4 comme premier cinéma de son enfance, comment ne pas devenir cinéphile ?

Je n’y ai pas mis les pieds depuis des années. Je crois que le dernier film que j’y ai vu, c’est Le fabuleux destin d’Amélie Poulain. Je suis bien heureuse qu’il soit toujours debout, toujours vivant. Et j’espère avoir l’occasion d’y retourner voir un film un jour, par nostalgie mais aussi parce que toutes les salles du monde ne pourraient atteindre le plaisir que celle-ci me procure. Une petite salle sans prétention, avec une âme, gérée par des passionnés. Une acoustique fabuleuse, un écran juste ce qu’il faut de grand, des fauteuils confortables, une atmosphère agréable.

Un cinéma, somme toute, unique.

Pour en savoir plus sur ce petit cinéma de campagne : http://cine4castillonnes.free.fr/histoiredecine4/index.html

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