Août 062012
 

C’est un sujet qui me tient à cœur. J’ai beau avoir la parlotte, j’ai aussi l’écoute parfois. Et écouter les autres et soi-même me semble primordial.

À une soirée en France, j’ai rencontré quelqu’un de particulier, qui a changé ma vision de l’écoute. Ce jeune homme dont je ne me souviens plus du nom était sourd-muet. A la surprise de nombreuses de mes connaissances, nous avons entamé une discussion à bâtons rompus, dans le quasi-silence, avec nos mains, nos yeux, tout ce qui était à notre portée. La conversation avec cet homme était passionnante. Peu de temps avant, j’avais entendu parler de la méditation Kinhin. J’entamais le sujet avec lui. Il avait l’air captivé. Je lui parlais de marcher sur l’herbe, de la différence de sensations avec le bitume, j’étais, comme souvent, passionnée par ce que je racontais. Puis il m’a demandé quelque chose qui a tout changé. Il m’a demandé quel bruit faisait l’herbe quand je marche dessus. Il m’a demandé quelle différence il y avait avec le bruit de mon pied sur le bitume. Il m’a fait promettre de faire attention à ce détail à partir de maintenant. Ce que je fais dès que le souvenir de cette rencontre effleure mon esprit. J’écoute ce qui m’entoure, le bruit de mes pas, le bruit de mes gestes, de ces touches sur mon clavier tandis que je tape ces mots et malgré moi, je suis émue d’entendre ce qui à lui restera à jamais inconnu.

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Juin 062012
 

Ça y est, je pars. Des semaines que j’attends ça, que tout le monde attend mon arrivée, que tous les signes sont là pour mon départ. Les collègues qui disent au-revoir, premiers prémisses de mon propre exode. Embrassades. Ah ça n’a pas été rose tous les jours mais le cœur est gros et les larmes sont lourdes. Ce n’est qu’un au-revoir. Non, c’est un adieu. On ne quitte pas le bout du monde pour y revenir.

Je ne voulais pas le voir ce départ. J’ai fait comme si. Comme si j’y croyais, comme si ça allait tout arranger. On part avec soi après tout. J’ai retardé l’heure de faire les cartons, le rendez-vous pour remettre les clés, j’ai tout repoussé. Avec de bonnes excuses. Elles sont toujours bonnes au final. Retrouver mes amis. Changer. Le challenge d’une nouvelle vie, une de plus à mon palmarès du déménagement. On croit que ça devient plus facile avec l’habitude, que tous les mauvais moments nous pousseront vers l’avenir. C’est faux, une illusion. C’est toujours aussi difficile, si ce n’est pire. Parce que l’on veut croire que cette fois, c’est la bonne. Mais je pars encore en exil, je ne suis pas arrivée que je sais déjà que je repartirais. Ou pas. Peut-être que cette fois, c’est la dernière. Dans 2 jours, on charge la voiture, toute ma vie part ailleurs. Je viens de descendre l’avant-dernier carton. Je n’arrive pas à descendre le dernier. Il est là, prêt. Il m’attend. J’ai envie de partir mais je n’y arrive pas.

Je suis rodée, je me suis arrangée pour ne pas avoir le choix.

Est-ce que je reviendrais ? Est-ce que tu reviendras ? Tous ces souvenirs qui sont ici. Les photos ne ramèneront jamais ce passé, cet avenir qui n’aura jamais lieu dans cette ville, dans ce pays, ces bribes de mémoire quand je me ballade de pièce en pièce. Et s’il n’aura pas lieu, autant partir, le chercher autre part. La maison est vide en dehors du tas de cartons dans le coin du salon mais je la revois emplie de rires, de disputes, de vie. Si courte fut elle. Je n’ai jamais su rester longtemps. Mon regard se promène et se brouille. Des regrets ? Peut-être. Des remords ? Sans aucun doute. N’est-ce pas une des raisons pour laquelle je pars ? Mais qu’importe. On ne vit ni dans le passé, ni dans l’avenir mais dans le présent.

Ça y est, je pars.

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