Je suis officiellement SDS depuis Nöel. Depuis que j’ai reçu mon casque en fait. Depuis que je suis montée avec mon père étant gamine, je ne suis SDS que derrière mon troll. Jusqu’à présent, c’était sur une Bandit 1200. Je ne pensais pas qu’un jour, je monterai sur la V-max. C’est pour ça que quand il m’a dit, l’air de rien On prend la V-max ou la Bandit aujourd’hui ?, je n’ai d’abord pas su quoi répondre. La V-max ?? Mais elle n’est pas trop dangereuse avec son V-boost et tout ? Apparemment son envie de sortir l’engin était trop forte. C’était sûrement le cas mais pas seulement. Apparemment, j’étais devenue une SDS émérite (on peut toujours rêver non ?) et le troll maîtrise bien ses machines, la V-max incluse : pas de V-Boost sans l’accord du chef.
Mais revenons à mes débuts de SDS, histoire de planter un peu le contexte. S’il y a une chose que les cours de licence moto m’ont confirmée, c’est que j’appréhende les virages. Alors mes débuts de SDS n’ont pas été folichons. Je descends généralement crispée de la bête. Les premiers virages, c’était un mélange de panique comprimée et de bon, de toute façon, on y est, on y va. Avec la force de l’habitude, j’ai fait avec. Après tout, contre toute logique, on n’est jamais tombés donc bon. Et puis, j’ai eu les cours et on m’a rappelé à 36 000 reprises que le regard, c’est la santé. Et donc depuis presque deux mois, je regarde le virage et mon corps fait le reste. Je me souviens des nombreux conseils reçus ici, de tenter de mettre les mains sur le réservoir (derrière un troll, j’arrive à peine à rejoindre mes mains sur son ventre, le réservoir, c’est Terra incognita depuis là où je suis). Regarder la route, c’est aussi mission impossible. Derrière lui, je ne vois que… lui. C’est pour ça qu’au début, je fixai sa nuque et je suivais. Maintenant, en ligne droite, c’est toujours le cas. Mais en virage, j’ai un tantinet de visibilité qui fait que je peux voir et suivre la route.
Et puis, entre mes 2 séances de 3h de licence, on est allé s’entraîner avec ma Bandit 600 sur un parking. J’ai donc dû être SDS sur un bolide moins puissants. La 600, avec nos 200kilos combinés, elle avait quand même plus de mal que la 1200. Forcément, moins de puissance, beaucoup de poids, jla sentais moins sûre d’elle, elle dandinait presque un peu du cul. Mais dans l’ensemble, c’est la même bécane ; donc pas plus de surprises que ça.
Et puis, j’ai testé la V-max. D’abord à l’arrêt, pour qu’on soit sûrs que je passe (je ne suis pas ce qu’on pourrait appeler un petit format non plus). Première surprise (enfin pas vraiment, j’avais bien vu que le siège du SDS était plus haut que celui du pilote, c’est un roadster après tout), je suis plus haute et plus plate aussi. Pour bien faire, je dois mettre mes mains au niveau de la poitrine (la suite nous montrera que pas forcément). On vérifie que je n’ai pas le cul qui dépasse et on se décide donc pour sortir l’engin.
Départ imminent. Descente avec virages. Pour bien commencer en somme. Ce passage, j’ai mis des mois à ne plus le redouter. J’avoue, même si le troll n’en a jamais rien su (jusqu’à ce que je lui avoue il y a quelques jours), j’ai même parfois envisagé de lui proposer de descendre avant ces tournants, pour monter ou descendre à pieds la fameuse côte à virages. Mais là, toute confiante, en avant toute. Arrivée en bas, je tapote la cuisse de mon pilote. C’est le signe que j’ai quelque chose à lui dire ou que ça ne va pas.
Moi : C’est normal qu’elle remue du cul comme une catin ?
Lui : Oui, c’est normal, elle est pas toute jeune tu sais !
Bon, ben si c’est normal alors. M’enfin, j’avais l’impression qu’une flaque d’huile restait collée au cul de la bête et que ça dérapait à tout va. Bon, comme d’hab, on va faire avec. M’enfin ça reste déstabilisant, d’autant que c’est pas récurrent, parfois ça le fait, parfois pas. Souvent quand je ne m’y attends plus, en plus. Je savais qu’elle était fourbe mais pas à ce point là.
Le troll avait prévenu, on irait tranquilou, il n’ouvrirait pas en grand, pas de dépassement des 6000 tours prévu et donc pas de V-Boost. Ya un peu de circulation, on sort de la ville à notre aise. Petit tapotage sur la jambe. Le troll se prépare à dépasser. Je m’accroche à son ventre, je serre les cuisses, il sait que je suis prête. Pfffffffffffffffiou !!!! Mais c’est que la petite vieille, elle en a dans l’estomac, même sans V-Boost (on apprendra plus tard que le troll est un vilain cachottier). Je sens la puissance de la bête et d’un coup je comprends ce que cette moto peut avoir d’enivrant. Elle déménage ! Et moi, pourtant en général terrorisée, apprécie cette sacrée accélération. L’impression d’être libre, grisée par la vitesse. C’est en arrivant à bon port que le troll m’apprend qu’en fait si, il a ouvert en grand, il a passé les 6000 tours et le V-Boost s’est enclenché. Tellement grisée (et stressée ??) que j’étais, je n’ai même pas senti son soubresaut. Il n’y est pas allé comme un sauvage non plus, il y est allé progressivement. Mais moi qui m’attendais à sentir que ça tire plus que de coutume sur les bras, à sentir une sorte de décrochage, rien de tout ça. Je me demande même si je ne suis pas un peu déçue. Enfin, la déception sera de courte durée, il s’est promis (même si d’office, par principe, j’ai dit non :p) de me le faire sentir.
Malgré la fatigue, j’avais hâte de faire le retour. Moi qui d’habitude répète 150 fois tu sais, je suis fatiguée, il faudra aller doucement jusqu’à ce que cela ennerve le troll (parce que oui, il sait que je baille à m’en décrocher la mâchoire). Hop hop, je grimpe sur la bête. C’est là que je remarque que mes bras prennent une toute autre position que d’habitude. Si vous vous souvenez bien, j’avais parlé de les mettre au niveau de la poitrine. Mais comme j’ai pas l’habitude, je les trouve trop haut et par réflexe, je les descend vers le ventre jusqu’à… jusqu’à ce que mes coudes soient en appui, au repos, sur mes cuisses. Je suis véritablement assise décontractée. Je n’aurais jamais cru cela possible ! Retour au bercail, on range la tite vieille au garage.
Alors le bilan c’est quoi ? Bien évidemment, on y est allés tranquilou, plus que d’habitude, ce qui m’a apporté plus de confort. Après ce premier essayage, je reste relativement conquise malgré les frayeurs dues à son dandinement du postérieur. Elle est plus confortable et permet de profiter mieux des sensations à moto que la Bandit. Bref, je suis fan ! M’enfin, comme le troll me l’a précisé, je n’ai pas encore eu l’occasion de monter sur une routière, ce qui devrait normalement encore plus me plaire en tant que SDS !