Ce week-end, j’ai eu la chance de rencontrer un champion. Ce n’est pas seulement un pilote ou un passionné mais quelqu’un qui a une attitude bien particulière. Cette attitude, je la connais, je l’ai déjà remarqué chez deux pilotes de ma connaissance. Deux très bons pilotes qui ont probablement l’étoffe des champions, la hargne de ceux-ci et certainement du talent. Mais pas comme lui. Et je ne saurais dire pourquoi.
Un champion c’est peut-etre ce qu’on voit en lui plus que ce qu’il n’est vraiment…
Parce que dans le fond ce n’était pas si différent même si le ressenti lui l’était…
Le champion parle peu. Il est là, concentré, il observe. De temps à autre, on peut apercevoir un sourire, un échange de complicité avec les autres pilotes qui sont présents mais cela s’arrête là. De lui se dégage un grand calme. J’en viens parfois à me demander s’il est heureux d’être là.
A cette question, j’ai eu une réponse à la fin des compétitions, quand la concentration ne fait plus foi, mais toujours de façon posée. Oui, il a pris un pied fabuleux. Il le dit avec un grand sourire, un léger soupçon de fougue dans la voix mais surtout, des étoiles dans les yeux. C’est aussi ainsi qu’il a demandé, déterminé, s’il y avait des photos des courses du week-end.
Un champion oui, mais qui ce week-end là, ne venait pas pour gagner mais pour le plaisir. Pour rouler, pour tester une nouvelle bécane et pour faire le plein de sensations. Ah, je ne doute pas que d’habitude, il fasse également le plein de ces choses là mais il avait, à mon sens, d’autres objectifs pour cette fois-ci. Il faut savoir se ménager parfois, prendre simplement le plaisir et non la pression, ce qui n’empêche nullement de prendre le soin de se concentrer. Tant et si bien qu’à chaque nouvelle course (3 au total ce week-end là), il gagnait des secondes sur son temps au tour, il s’améliorait, prenait probablement de l’assurance sans pour autant prendre des risques inutiles. Tant et si bien qu’au final, il dépassa mon ami pilote Xavier Denis, très bon pilote également. Lentement mais sûrement.
Présenté comme ça, on pourrait croire qu’il s’agit simplement d’un quidam calme et posé mais il m’a laissé plus que cette impression. Il m’a laissé le souvenir impérissable d’un type humble qui sait ce qu’il veut et où il va. Il m’a laissé ce sentiment de fierté d’avoir eu la chance de rencontrer un pilote avec de telles épaules, capable de réagir avec une passion contenue qui ne pollue pas son style de course.
Ce champion, c’est Julien Toniutti, triple champion de France des rallyes.
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