N.A.P. ? Le mot évoque directement la sieste… ça donne envie !! Pourtant il est possible d’aller voir le N.A.P. dans le bâtiment de l’Opéra à Amsterdam. Le N.A.P est le niveau de référence le plus important des Pays-Bas car il sert de base aux calculs de l’altitude (maaiveldniveau) du territoire néerlandais et donc à déterminer quels territoires sont considérés sous le niveau de la mer. Mais comment est déterminé le N.A.P. ?
L’altitude est l’élévation verticale d’un lieu ou d’un objet par rapport à un niveau de base. Pour la France (altitude des cartes IGN), il est situé à Marseille, et a été déterminé grâce à 12 années d’enregistrements de marégraphie entre 1885 et 1897. Pour les Pays-Bas, le niveau de base est le zéro marin d’Amsterdam ou « Normaal Amsterdam Peil ». Il a été établi grâce aux mesures du niveau de l’IJ (oui oui, c’est le nom d’un fleuve grut) à marée haute et à marée basse à hauteur du Haarlemmersluis à Amsterdam entre le 1er Septembre 1683 et le 1er Septembre 1684. Ce niveau est observable grâce au pieu N.A.P. dont la face supérieure coïncide exactement avec le zéro marin d’Amsterdam. Ce pieu a été battu jusqu’à la seconde couche de sable (a priori stable) et est rebattu régulièrement (donc pas si stable que ça…).
Les corrections :
En 2005, le Rijkswaterstaat (ministère des transports et des eaux) a effectué une révision de la plupart des hauteurs d’eau mesurées aux Pays-Bas. En pratique, tous les soixante ans environ, l’Ouest du pays s’est enfoncé de quelques centimètres, tandis que l’Est voit son altitude augmenter d’autant. La moyenne retenue pour la zone du Rijnland (où se situe le point de mesure du N.A.P.) est de 2 cm. Un tel déplacement implique une variation du niveau N.A.P. Qui, s’il n’est pas corrigé régulièrement, ne peut plus servir de référence (car une référence doit rester fixe). Ainsi toutes les données (niveau d’eau des polders, hauteurs des voies d’eau, etc.) collectées par les différentes instances des eaux (waterschappen) sont calculées en fonction d’un N.A.P régulièrement mis à jour.
Historique :
Avant la mise en place du N.A.P., chaque province possédait son propre niveau de référence, ce qui limitait géographiquement la surveillance des niveaux d’eaux dans les polders. De plus ce niveau était basé sur le niveau de la mer au niveau des digues de protection.
Johannes Hudde, maire d’Amsterdam, entreprit en 1683 d’observer les variations par rapport à la nappe phréatique de la ville d’Amsterdam (AP) des niveaux des eaux à hauteur des digues au Sud de l’Ij. Un an de mesures quotidiennes ont fait apparaître que le niveau d’Amsterdam (AP) ne coïncidait non pas avec le niveau de la mer mais avec les marées hautes de l’Ij, restant à 1,8 mm en dessous de façon constante.
Ce n’est qu’au cours du 18eme siècle (1797-1812) que le système N.A.P. s’est répandu dans l’ensemble du pays. En 1818, la royauté décide de rendre officiel le choix du N.A.P. comme référence et de ne pas l’utiliser comme un zéro absolu (c’est-à-dire que les mesures ne commencent pas toutes à zéro) mais de calculer une référence locale basée sur le N.A.P. Par exemple, une mesure à Den Haag commence à N.A.P. +1,6 m tandis qu’une mesure à Scheveningen commence à N.A.P. -3,8 m (les 2 lieux sont séparés de quelques kilomètres, Scheveningen étant une des plages les plus connues des Pays-Bas). En 1861, une correction est effectuée qui montre le niveau N.A.P. était 10cm plus haut que la première fois où il a été mesuré,en 1683. En 1875-1885, un premier contrôle des hauteurs d’eau est effectué (les points de mesures étaient 5 fois plus nombreux à cette époque qu’en 1683 !!). Un certains nombres de points n’étaient pas corrects car encore basés sur l’ancien système et furent ainsi corrigés. Le sigle N.A.P. est alors apparu en 1891, lorsque ce système de référence fut normalisé.
Le N.A.P. a été utilisé pour la première fois à l’étranger en 1879 en Allemagne. D’autres pays européens s’en sont servis par la suite comme référence. Depuis les années 70, les pays européens se sont mis d’accord pour mettre en place un Réseau Européen Unifié de Nivellement (REUN) qui se veut limité, car plus le réseau est étendu, plus la précision des calculs est moindre (variations relatives). Une carte des variations entre le niveau à Amsterdam (référence zéro) et les niveaux des autres pays est ainsi obtenue.
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